Au début du siècle, les automobiles sont encore rares.
3 compagnies d’omnibus et de tramways de Paris tirés par une célèbre race de chevaux, les percherons, assurent le transport des parisiens.
En 1900 elles auront véhiculé 190 000 000 voyageurs !
> 80.000 chevaux dans Paris chaque jour
En attendant, Paris compte 80.000 chevaux qui déambulent dans Paris : 15.500 pour les 3 compagnies d’omnibus et de tramways, 12.200 pour la Compagnie Générale des Petites voitures qui compte 14.267 fiacres pour les taxis ou diverses locations.
Pour la distribution ou le ramassage du courrier, 123 tilburys (petits cabriolets à deux roues), 70 fourgons à 1 cheval et 53 fourgons à 2 chevaux arpentent la capitale 10 fois par jour. Voitures cellulaires, fourgons de pompiers, corbillards sont aussi tirées par des chevaux.
Les “torpilleurs” sillonnent les rues de bon matin pour collecter les seaux hygiéniques. Il y a aussi le ramassage des poubelles et la fameuse “pompe à merde” pour déboucher les canalisations.
Tous les corps de métiers utilisent aussi des voitures ou fourgons attelés pour leurs travaux ou livraisons.
A cela d’ajoutent les 9.000 attelages privés.
Les rues de Paris grouillent de ces attelages comme le montre ce film d’époque.
Comme on le voit sur ce film, il n’est pas facile de traverser la chaussée. Les accidents sont courants.
Pierre Curie en sera victime. Après un déjeuner avec des amis, il veut traverser la chaussée pour gagner le quai de Conti, mais, courant pour éviter un fiacre qui se dirige vers le pont Neuf, il se heurte au cheval de gauche d’un camion hippomobile arrivant en sens inverse, chargé de près de quatre tonnes d’effets militaires. Le pionnier de l’étude des radiations glisse sur le macadam mouillé et tombe devant le camion. Malgré les efforts immédiats du conducteur pour arrêter ses chevaux une roue arrière le blesse mortellement à la tête.
> 10 crottins par jour
Quand on sait qu’un cheval mange environ 10kg de nourriture (foin, paille, avoine, maïs) et que lors d’une alimentation normale et d’une digestion active, un cheval devrait faire entre 7 et 10 crottins par jour avec des intervalles d’à peu près une heure, on mesure à la fois la logistique nécessaire pour assurer tous ces transports et le stock de nourriture.
Si lorsque les premiers ramasseurs de crottins arpentèrent les rues de Paris à l’instar de Londres, les balayeurs manifestèrent craignant pour leur profession, très vite les deux professions cohabitèrent.
Les années 1900 ayant été particulièrement chaudes, on accusa même le crottin d’être responsable du réchauffement climatique ! Et oui.
> Les percherons dorment à l’étage
Et tous ces chevaux que deviennent ils la nuit ?
Les compagnies d’omnibus, tout comme celles des fiacres ont des écuries dédiées. Les chevaux sont logés dans 55 écuries à étages dont plusieurs sont installées en bordure du canal Saint Martin, ce qui rend aisé l’évacuation du fumier par péniche. Une des plus importante est celle de Bastille-Madeleine avec 1.100 chevaux. Des soigneurs vivent avec les chevaux et veillent sur leur état de santé.
A 4 heures 30 du matin, l’ensemble des 3.123 palefreniers, laveurs, brosseurs, maréchaux-ferrants prenaient leur travail (chaque cheval est ferré tous les 8 ou 20 jours selon les pavages). A 7 h du matin, soigneusement pansés, les percherons rejoignent leur omnibus de 40 places ou leur tramway qui transportera 80 voyageurs à l’intérieur et 36 sur l’impériale. Chaque attelage de 3 chevaux va travailler pendant 2 h 1/2 et parcourir entre 16 et 18 kms avant de retourner au dépôt.
Les percherons bénéficient à tour de rôle et selon leur état de santé d’une période de repos. Ils partent en villégiature à 40 km au nord de Paris dans la commune de Claye. Le domaine peut accueillir jusqu’à 400 chevaux.
> Cochonette, cocherette ou collignettes ?
En 1907, des Parisiennes obtiennent pour la première fois le droit de devenir cochers, si elles satisfont à un examen jusque-là réservé aux hommes. Après de nombreux échecs surtout à l’épreuve de remisage des chevaux, deux des candidates (Mesdames Dufaut et Charnier) sont enfin reçues … le 11 février 1907.
Et comme à chaque fois qu’une femme décide d’embrasser une profession habituellement occupée par les hommes, les badauds et la presse s’en donnent à cœur joie. On ironise sur leur appellation : “cochonette, cocherette, collignette ou automédone (l’automédon est le conducteur de char de l’Antiquité ) ? Les débuts sont difficiles et nombreuses sont celles qui renoncent. La presse s’en réjouit. La République française indique “sur 40 cochères que nous avions, il y a quelques mois, il nous en reste aujourd’hui exactement 22 ».
La presse polarise bientôt sur les accidents des cochères. Il faut dire que certains ne sont pas dus à la malchance mais à la malveillance de badauds ou d’autres conducteurs qui coupent volontairement la route des cochères, cisaillent leurs rênes, etc. Le courage des cochères qui ont réussi à maîtriser leurs chevaux et leur détermination à relever les injures est loué mais les titres ou les conclusions de ces articles sont parfois moqueurs.
Des marchands de cartes postales les immortalisent mais là encore on devine dans la prise de vue que ce sont bien des hommes qui étaient derrière l’objectif.
> L’automobile, un moyen de transport propre
Au début du siècle, les automobiles apparaissent dans les rues de Paris. Une expérience est tentée sur les Champs Elysées. Les automobiles roulent au milieu de la chaussée, les fiacres, omnibus et autre véhicules tirés par les chevaux occupent les côtés de l’avenue.
Les journalistes louent alors la propreté de la voie centrale et les gaz d’échappement qui “disparaissent rapidement dans l’air pour ne jamais revenir“.
Le 12 janvier 1913, le dernier omnibus tiré par des chevaux fait ses ultimes tours de roue à Paris sur la ligne Saint-Sulpice – La Villette.