La bonne tourte de la rue Marmouset

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La charcuterie pratique Marc Berthoud

Nous sommes en l’année 1387 sur l’Ile de la Cité. Deux chanoines décident de s’offrir un petit encas. C’est vrai que chaque jour lorsqu’ils passent devant cette pâtisserie de la rue Marmouset, il y a la queue devant l’échoppe à l’angle de la rue des Marmousets et de la rue des Deux-Hermites.
Ses prix sont abordables et les tartes font le délice de la populace. Ne dit-on pas que le Roi lui même se ferait livrer de succulentes tourtes que le pâtissier confectionne. Ils sont surpris par ce chien qui pleure devant une des portes voisines. Il leur semble bien reconnaître ce chien. Ne serait-ce pas celui d’un étudiant allemand, un dénommé Alaric (ou Gunthar selon les versions)?
Ils reviendront demain et préfèrent avertir l’étudiant qui doit probablement chercher son chien.
Mais Alaric a disparu. Personne ne l’a vu depuis plusieurs jours.
Le lendemain, nos deux clercs repassent devant la pâtisserie. Le chien est toujours là, gémissant et pleurant.
De la porte entrouverte qui semble conduire à la cave du barbier voisin du pâtissier se dégage une pâle lumière. Intrigué, un des chanoines se risque à l’intérieur et ce qu’il découvre est effroyable. Des cadavres à moitié découpés. Et parmi eux Alaric en morceaux prêt à être passé au hachoir.
Ce qu’ils viennent de découvrir n’est que le résultat d’un commerce bien rôdé. Lorsque de jeunes étudiants ou pèlerins étrangers entrent dans la boutique du barbier pour se faire raser de près, celui-ci leur tranche la gorge d’un coup de rasoir bien placé. Le corps est rapidement glissé par une trappe dans la cave. Le soir le barbier découpe les corps et les passe au hachoir, fournissant au pâtissier la matière première pour réaliser les tourtes si succulentes.
Ils seront jugés et brulés vifs dans des cages en fer sur la Place de Gréve. Par décision de justice, leur maison sera rasée et une colonne sera érigée sur la place rendue libre.

Des historiens se sont bien entendu penchés sur cette macabre affaire mais n’en ont trouvé aucune trace dans les registres de Justice. Une légende donc ? Probablement même si “une pierre au chien” a bien existé sur le terrain des maisons du barbier et du pâtissier comme nous le détaille Laurent Gloaguen sur cette page qui retrace l’histoire de la rue Marmouset. A sa lecture on verra combien les versions différent.
La rue des Marmouset a disparu lors des travaux d’Haussmann et on peut situer le lieu de cette affaire à l’emplacement de l’actuel Hôtel Dieu.
La rue Marmouset a été immortalisée par Charles Malville, le photographe a qui l’on doit ces admirables photos des rues de Paris avant les travaux d’Haussmann qui ont fait disparaitre de nombreuses rues insalubres de la capitale.

Rue des Marmousets (Charles Marville 1865)