Les îles disparues de Paris

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Quand vous saurez que l’ancienne île Notre Dame n’est pas celle qui abrite le célèbre édifice, que l’Ile aux Cygnes actuelle n’a rien à voir avec son homonyme aujourd’hui disparue, vous saurez tout sur les îles actuelles et disparues de la capitale. Il faut avouer qu’il y a de quoi impressionner vos amis lorsqu’ils vous accompagneront en ballades dans Paris.

Aujourd’hui subsistent deux îles au centre de Paris l‘île de la Cité et l’île Saint Louis. Et plus en aval de la Seine, l’île aux Cygnes. C’est une île artificielle. Nous y reviendrons.

Partons du Pont Neuf à l’extrémité de l’île de Cité. C’est le plus vieux pont de Paris et avant sa création sous Henri III et Henri IV, l’Ile de la Cité se terminait au niveau de la rue Harley à la limite du Palais de Justice actuel.

> La naissance du Pont Neuf et de la Place Dauphine

Deux petites îles et un ilot lui faisaient face.
L’Ile des Juifs était la plus grande. Elle appartenait à l’abbaye Saint-Germain-des-Prés. C’est sur cette île qu’en 1313, furent brulés Jacques de Molay, grand-maître de l‘ordre des Templiers et Geoffroy de Charnay.
A côté d’elle se tenait l’île du Passeur-aux-Vaches du nom de l’homme qui en était le seul habitant et dont le métier était de conduire avec son bac les animaux sur les différents îles de la Seine.
Un moulin à eau se dressait sur la troisième île, l’Ile de la Gourdaine. Un menuisier auvergnat, Aubin Olivier, fut autorisé par Henri II à installer sur les lieux une de ses inventions : un moulin pour battre monnaie.

Ces 3 iles furent réunies et comblées pour créer la Place Dauphine et soutenir les piliers du Pont Neuf à sa construction.
La Place Dauphine triangulaire, nouvelle pointe de l’ile de la Cité fut entourée d’habitations dont deux côtés subsistent aujourd’hui, le baron Haussmann ayant fait abattre celles situées du coté du Palais de Justice.

Place Dauphine depuis la Rue de Harlay

Si, à l’époque d’Henri IV, l’ile de la Cité était habitée, ce n’était pas le cas des deux îles qui allaient devenir l’ile Saint Louis à la fin du XVIIe siècle. En amont de l’île de la Cité sur laquelle se dresse fièrement la cathédrale, on trouve l’Ile Notre Dame sur laquelle se déroulaient les duels judiciaires. En absence de témoins ou d’aveux les deux parties en litige se battaient en combat singulier. Le vainqueur du combat était considéré comme étant celui désigné par Dieu pour être la personne bien fondée des plaidants.
L’ile aux Vaches lui fait face. Elle était recouverte de prairies ou paissent tranquillement les vaches. Ces deux îles seront réunies au niveau de l’actuelle rue Poulletier en 1614 avec comme condition d’y construire des quais et des maisons. Si vous vous y promenez vous noterez les dates de construction des bâtiments souvent marquées sur les murs.

> L’île Louviers

Une dernière île existait un peu en amont : l’ile Javiaux rachetée par le prévôt des marchands, Nicolas de Louviers en 1408. L’île prend le nom d‘Ile de Louviers et est acquise par la ville de Paris en 1700 qui fait de ses pâturages un lieu de stockage de bois pour les parisiens. Le canal qui le sépare de la rive est comblé en 1847. C’est aujourd’hui la zone située entre le boulevard Morland et le Quai Henri IV. Lorsque vous remontez la rive droite de la Seine depuis l’écluse du port de l’Arsenal, au début du canal saint martin, vous marchez en fait sur cette ancienne île.

Sur le plan de Truschet et Hoyau de 1550, on repère de haut en bas l’Ile de Louviers, puis les deux îles qui formeront l’Ile de la cité, l’Ile Notre Dame et l’Ile aux Vaches. En bas de l’Ile de la Cité on trouve l’ilot de la Gourdaine tout petit avec son moulin et l’île des Juifs et l’île du Passeur-Aux-Vaches.

> L’île Maquerelle

Une autre île disparue est l’Ile Maquerelle. Point de maquereau à l’origine de ce nom mais plutôt ” ma querelle ” car c’était aussi sur ce lieu qu’avaient lieu les duels. En 1760, elle est spécialisée dans le traitement des abats. On y traite annuellement cent mille tripes de bovins et cinq fois plus de celles de moutons.
Le canal de cette île appelée aussi “île aux Cygnes” à ne pas confondre avec l’ile aux Cygnes actuelle a été comblé en 1812 lors de la construction du pont de Iéna. C’est aujourd’hui le quai Branly qui abrite le musée du même nom.

> L’île aux cygnes

Cette fameuse île aux Cygnes qui existe, elle, toujours aujourd’hui, n’est pas une île naturelle. D’une longueur d’environ 1 km entre le pont de Grenelle et le pont de Bir-Hakeim, c’est un lieu de promenade très agréable, havre de paix en plein Paris. Il s’agit en fait d’une digue artificielle qui a servi de dépôt industriel jusqu’en 1873 où il fut transformé en lieu de promenade. André Lurçat avait déposé en 1932 un projet un peu fou. Il voulait faire de cette île une piste d’atterrissage et d’envol pour petits avions.
Au bout de l’île se trouve une réplique de la statue de la Liberté.

L’île aux Cygnes, un lieu de promenade peu fréquenté au cœur de Paris

> L’île aux singes

Pour terminer ce tour d’horizon des îles disparues, il convient de citer l‘île aux Singes qui était située sur la Bièvre près de la manufacture des Gobelins. C’est aujourd’hui le square René-Le Gall. L’origine de son nom est controversée. Les bateleurs avaient l’habitude d’y laisser gambader leurs singes. D’autres mauvaises langues racontent qu’en fait c’était le surnom des patrons de la manufacture.

> Drôle de nom pour une île

Enfin, nous ne pouvons passer sous silence l’île qui existait devant l’Assemblée Nationale et qui répondait au charmant nom d’Ile Merdeuse. Là encore l’origine de ce nom est variable. Pour certains le nom viendrait de son odeur très voisine de celle des égouts, pour d’autres c’est à cause de sa si petite taille. Il est vrai qu’elle n’a jamais figuré sur aucun plan.

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