Cette expression, certains d’entre vous vont l’attribuer à Mai 68. En fait il n’en est rien, ce slogan n’apparait sur aucune affiche de l’époque. Et pire, le pamphlétaire Jean-Edern Hallier, affirme en 1982 dans son ouvrage Bréviaire pour une jeunesse déracinée être l’inventeur de ce slogan : « Ce mot d’ordre que j’inventai au tableau noir du grand amphithéâtre Richelieu à la Sorbonne en mai 68 : Sous les pavés la plage… ».
Rendons donc aux manifestants de 1968 la paternité d’avoir néanmoins populariser les pavés de Paris.
Mais savez vous que le Préfet de l’époque avait donné l’ordre qu’après ces historiques manifestations, la totalité des rues du quartier Latin soient recouvertes de bitume afin que de tels évènements ne se reproduisent plus.
Heureusement il n’en sera rien.
Vous l’avez compris on s’intéresse aujourd’hui aux pavés de la Capitale.
> La Forêt de Fontainebleau fournit Paris
Au Moyen-Age l’expression “tenir le haut du pavé” évoquait ceux au rang social élevé.
Dans les rues pavées, point de trottoir et la rigole du milieu de la rue évacuait l’eau et les immondices.
Les passants avaient donc pris l’habitude de marcher sur la partie haute de la rue, le long des maisons, afin d’éviter de mettre les pieds dans les saletés des eaux usées.
Comme ces ruelles ne permettaient pas de se croiser en restant sur la partie haute le long des façades, les convenances de l’époque voulaient que, lorsque deux personnes se croisaient, la plus pauvre des deux se mette au milieu, laissant la plus riche marcher sur le « haut du pavé » pour qu’elle ne se salisse pas.
Les premiers pavés de Paris sont ceux de Lutèce à l’époque des Romains.
La carte ci-dessous nous montre les principales voies pavées de l’époque.
Source : (Lutèce, du Ier au IVe siècle – PARIS, la mise en place d’une ville (urbanisation-paris.com)
Il faudra attendre Philippe Auguste au XIIème siècle et la célèbre anecdote d’un Roi qui se plaint des odeurs pestilentielles des rues qui viennent chatouiller le nez royal pour que certaines rues soient dotées de pavés.
C’est principalement la forêt de Fontainebleau qui fournira les pavés.
Mais le chantier est énorme et à la charge de la bourgeoisie. On se limitera donc aux rues principales.
François 1er et Henri IV continueront très modestement ces travaux de pavage.
Louis XIV normalise le pavé qui devient “pavé du roi”. En grès, d’une hauteur de 23 cm, il sera carré en 18×18 cm ou 20×20 cm.
Sous la Révolution, un budget est alloué pour “les frais de Pavé“. C’est la création des Ponts et Chaussées.
Il faudra attendre un décret du 12 avril 1856 pour disposer que « les frais de toute nature relatifs à l’entretien des chaussées de Paris » soient supportés moitié par la ville, moitié par l’Etat.
Mais ce seront les terribles épidémies de choléra (1832), de typhoïde (1872) et de tuberculose qui conduiront le courant “hygiéniste” à modifier de fond en comble la voirie de la capitale avec les imposants travaux d’Haussmann décidés par Napoléon III. Il y a désormais obligation de paver ou d’empierrer toute nouvelle voie.
A partir de 1859, il n’est plus question de « Pavé de Paris » mais de « Voie publique ».
La forêt de Fontainebleau continue de fournir les pavés mais l’arrivée du chemin de fer permettra d’aller chercher en Bretagne des pavés plus solides.
> Des pavés de bois
Si de nombreuses rues de
sont encore pavées sans avoir été recouverte d’asphalte, vous pourrez voir des pavés originaux au 81 rue de saint Maur, dans le 11ème arrondissement de Paris. Ce sont des pavés en bois.
A l’époque, ils rencontrèrent beaucoup d’enthousiasme parmi les Parisiens.
Constitués de bois de pin des Landes ou de sapin des Alpes, ils étaient posés perpendiculairement à la chaussée et scellés par du bitume.
Ils présentaient l’avantage de réduire les nuisances sonores mais étaient très glissants en période de pluie. Ils avaient aussi l’inconvénient d’être malodorant.
L’inondation de Paris en 1910 leur donna un coup fatal et ils furent totalement abandonnés en 1930.
> les pavés de Paris et l’économie circulaire
Une dernière information : Savez vous que les pavés de Paris sont stockés lors des chantiers des rues de Paris dans un immense dépôt de 4 hectares à Bonneuil sur Marne, tout comme les dalles et bordures de trottoirs.
ils y sont nettoyés, quelque fois retaillés et sont ainsi recyclés sur d’autres chantiers de la capitale. Belle initiative d’économie circulaire pour des pavés vieux de plusieurs siècles.