Lors de vos balades dans Paris, quoi de plus agréable que pique-niquer dans un de ses nombreux jardins. Sur les 530 jardins et squares que compte la capitale, vous avez l’embarras du choix. Qu’ils soient connus ou cachés et insolites, ils vous offriront un havre de paix pour vous reposer car on avale des kilomètres à pied dans Paris.
Celui où je vous emmène aujourd’hui est situé non loin du Louvre. Traversez la rue de Rivoli puis la rue Saint Honoré, laissez le restaurant le Nemours sur votre droite, passez les 260 colonnes de Buren et entez dans le jardin du Palais Royal.
Il vous sera peut-être difficile de trouver une chaise bien à l’ombre des tilleuls et des marronniers rouges dans ce jardin créé à la demande de Richelieu par Pierre Desgozt, jardinier du roi au XVIIe siècle. Le palais et les jardins seront d’ailleurs légués au roi Louis XIII par Richelieu à sa mort .
Le palais accueillit la famille royale et Mazarin organisa des chasses miniatures dans les jardins pour le jeune Louis XIV qui y apprit à monter à cheval.. C’est le Duc d’Orléans en 1781 qui fait construire les 3 galeries qui délimitent désormais le jardin. Profitant de l’interdiction qu’avait la police de pénétrer dans l’enceinte, peu à peu, des cafés, tripots et boutiques s’installèrent sous les arcades. C’est d’ailleurs dans une de ces boutiques que Charlotte Corday acheta le couteau avec lequel elle assassinera Marat. Le soir, des femmes de petite vertu quittent leur chambre de bonne nichée sous les toits des bâtiments qui entourent le jardin et racolent librement sous les tilleuls.
Sur les chaises du jardin ou de cafés du palais royal s’assiéront des gens célèbres : Murat, Lamartine, Thiers, Robespierre ou Fabre d’Eglantine et plus près de nous Colette et Cocteau qui habitaient dans le quartier du Palais Royal.
Mais ce qui nous intéresse, c’est ce petit canon en bronze que vous pourrez découvrir à l’entrée des jardins au centre de la pelouse. Sur son socle une inscription en latin : ‘Horas non numero nisi serenas” (Je ne compte que les heures heureuses). Installé à l’origine devant sa boutique et Inventé par l’horloger Rousseau, un ingénieux dispositif de loupe mettait le feu à la poudre installée dans le canon. Chaque midi, au son du canon, les passants sortaient leur gousset et réglaient leur montre. Ce qui fera dire à un inconnu “En ce jardin, tout se rencontre, hormis de l’ombrage et des fleurs, si on y dérègle ses mœurs, au moins on y règle sa montre !”.
Le canon fut déplacé au centre du jardin. On le restaure en 1990 et il recommence à tonner. Volé en 1998, sa réplique se taira pour cause de plan vigie pirate. Mais depuis 2011, chaque mercredi à midi, un artificier déclenche le canon à la grande joie des promeneurs.