La vérité, toute la vérité et rien que la vérité

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Il y a des bizarreries du Moyen Age qui méritent d’être contées.
Dans ses “Curiosités judiciaires et historiques du Moyen Age“, Emile Agnel nous rapporte de bien bizarres pratiques.
A cette époque, même les animaux coupables d’un délit sont traduits en justice. Etres de Dieu, n’en sont-ils pas moins dotés d’une conscience et capables de faire preuve de discernement ?
Si l’animal auteur du délit pouvait être appréhendé (saisi au corps disait on), il était incarcéré comme tout prévenu et relevait d’un jugement du tribunal correctionnel du lieu de résidence.
On assite ainsi à des procès de taureaux, coqs, chevaux, et surtout cochons. Il faut dire que les porcs bénéficient d’une libre circulation et rendent bien des services, éboueurs de bonne tenue. Assez souvent ils confondent les nouveaux nés avec les restes de quelques ripailles. Leur procès se déroule selon la même procédure que le commun des brigands. Un avocat leur est commis d’office, les témoins sont appelés à la barre. On soumet le prévenu à “la question” et le moindre ronchonnement de la bête est interprété comme un aveu. Si leur propriétaire n’est jamais inquiété – déjà bien puni par la confiscation de l’animal – le châtiment a lieu en place publique. On cite souvent le cas de ce porcus dominicus qui en 1386, à Falaise en Normandie, mordit mortellement un enfant à la jambe et au visage. A l’issue d’un procès qui dura 9 jours, la truie fut condamnée à être pendue en place publique après avoir subi – loi du talion oblige – les mêmes sévices. Les textes racontent qu’elle fut affublée d’un haut de chausse, d’une veste et de gants blancs à ses sabots antérieurs. Pour que la sentence soit bien comprise, on impose même aux paysans que les porcs de leur exploitation assistent à l’exécution.

Mais que peut faire la justice ordinaire contre une invasion de rats, de limaces, de charançons, ou de sauterelles ? Qu’à cela ne tienne, les tribunaux de l’Eglise ont une arme redoutable contre ces “délinquants insaisissables” : l’excommunication qui rendra ces maudites bestioles damnées :
Adjure vos limaces et vermes, et omnia animalia immunda, alimenta hominum dissipantia et corrodentia hoc in territorio et parochianatu, et tota parochia dissedatis, et ad loca, in quibus nullis nocere possitis, accedatis, in nomine Patris, et Filii et Spiritus sancti, Amen
 (Rats, limaces, chenilles et vous tous animaux immondes qui détruisez les récoltes de nos frères, sortez des cantons que vous désolez et réfugiez vous dans ceux où vous ne pouvez nuire à personne. Au nom du Père, etc)
En 1713, un monastère franciscain au Brésil est en proie à des essaims de termites qui rongent le bâtiment. Les moines déposent plainte et les termites sont assignées devant le tribunal ecclésiastique. Mais l’avocat de la défense brille par sa plaidoirie : Créatures de Dieu, elles sont en droit de trouver en ces lieux saints leur nourriture. Argument retenu, les bestioles sont acquittées.
A la Révolution on condamnera un chien qui aboyait contre des sans culottes. Un perroquet qui criait “Vive le Roi” aura plus de chance. Il sera confié à une citoyenne pour qu’elle lui apprenne à dire plutôt “Vive la République”. Les propriétaires du volatile seront par contre guillotinés.

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