Le 9 octobre 1981, la loi abolissant la peine de mort en France est promulguée.
Il faut rappeler que 3 exécutions capitales auront eu lieu sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, 3 sous celle de Georges Pompidou et 40 sous De Gaulle.
Marcel Chevalier sera le dernier “exécuteur des hautes œuvres”. Il aura à peine eu le temps de se faire la main avec seulement deux exécutions à son actif (Jérôme Carrein et Hamida Djandoubi en 1977). Nommé en septembre 1976, quelques mois après l’exécution de Christian Ranucci que l’on désigne trop souvent comme le dernier condamné à mort guillotiné, il quitte donc la fonction avec un chèque de 30.000 francs.
Son fils, Eric, l’assistait lors de ces deux exécutions car, dans le métier, la fonction reste dans la famille. Il ne lui succédera donc pas.
Bourreau c’est une affaire de famille.
Si peu de gens se souviennent du nom des derniers bourreaux de la République, le nom des Sanson reste la référence historique.
Remontons un peu dans le temps.
> Bourreau par accident
En 1675, Charles-Louis Sanson épouse Marguerite Jouënne qui est la fille du bourreau de Rouen, Pierre Jouënne.
Il devient aide-bourreau et après quelques débuts difficiles, hué par la foule certainement pour la piètre qualité de sa prestation, car – rappelons le – les exécutions se déroulent en public, et sont vécues comme de vrais spectacles, il progresse vite.
Le bourreau ne se charge pas seulement des exécutions capitales quelle qu’en soit la forme (la corde pour le commun des mortels, l’huile bouillante pour les faux-monnayeurs, le bûcher pour les hérétiques, la hache pour les nobles, l’écartèlement pour les régicides), il assure les diverses tortures telles que la roue ou la question.
Son fils âgé de 15 ans l’assiste. Il prend le flambeau deux ans plus tard mais ses débuts marquent les esprits. Il a à peine 18 ans lorsque, le 16 juin 1699 montent sur l’estrade de la place de Grève Angélique-Nicole Carlier, également connue sous le nom de Madame Tiquet, condamnée à mort pour les tentatives d’assassinat sur son époux, et son complice Jacques Moura.
Lui doit être exécuté en premier par pendaison alors que la Dame Tiquet doit être décapitée.
Tout se passe bien pour le premier qui pend désormais sur l’estrade. Puis Angélique-Nicole Carlier monte sur l’échafaud, dépose sa tête sur le billot l’offrant au glaive du bourreau et dispose sa coiffure sur le côté. Cette attitude dût troubler le jeune bourreau qui s’y reprendra à 3 fois pour séparer enfin la tête du corps.
> La guillotine change la vie des Sanson
A son décès, son fils n’ayant que 7 ans, sa veuve se remarie et le nouvel époux, François Prudhomme remplace le fils jusqu’à sa majorité. Mais le sort s’acharne sur les Sanson. Victime d’une attaque il est contraint de passer le flambeau à son fils, Charles-Henri, qui n’a que 15 ans. François Prudhomme assure à nouveau l’intérim.
Une fois titulaire de la charge, Charles Henri Sanson participe aux essais du nouvel engin du Docteur Guillotin. Il en parfait les réglages en faisant des tests sur des moutons puis des cadavres et c’est lui qui procède à la première décapitation en la personne du bandit Nicolas Pelletier.
Le public qui assite à l’exécution est surpris par la rapidité de la guillotine mais il est déçu car le condamné meurt trop vite !
Pourtant Guillotin avait prévenu : ” Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil, et vous ne souffrez point. La mécanique tombe comme la foudre, la tête vole, le sang jaillit, l’homme n’est plus”.
Charles Henri Sanson coupera quand même la tête de 2.498 personnes dont Louis XVI et Marie-Antoinette. Un de ses fils, Henri, lui succédera en 1795 et officiera 35 ans.
Les générations de Sanson vécurent au 14 de la rue bleue dans le 9ème arrondissement de 1707 à 1778.
Le dernier de la lignée, Henri-Clément ne procédera pour sa part qu’à 18 exécutions mais aura une vie dissolue pour un exécuteur de haute justice. Adepte des maisons de jeux, endetté, il ira même jusqu’à gager la guillotine. Il faudra l’intervention du Ministre de la Justice pour solutionner l’affaire. Henri-Clément Sanson sera révoqué.
> C’était pas son jour à ce Sanson là
Mais la palme de la famille Sanson revient au fils aîné de Charles Henri Sanson qui, officiant en tant qu’aide bourreau présenta la tête d’un exécuté à la foule, trébucha et se fracassa le crâne en tombant de l’échafaud. Ce fut le seul accident de travail de la tribu des coupeurs de tête.