A la suite du siège de Paris de septembre 1870 à janvier 1871, de nombreux aqueducs ont été détruits et le prix de l’eau a terriblement augmenté. Les pauvres gens de la capitale ont bien du mal a en trouver et c’est, selon lui, pour éviter qu’ils tombent dans l’ivrognerie, que Sir Richard Wallace décide de faire don à la Ville de Paris de fontaines publiques.
Certes, la mode est à la philanthropie dans le monde bourgeois parisien – c’est l’époque de la création de la Croix Rouge, de l‘Armée du Salut – , mais ce lord anglais déjà fortuné a hérité de lord Hertford, un riche collectionneur d’art dont il était le secrétaire pour ses affaires en France.
Sir Wallace conçoit lui même le modèle de fontaine. Il fixe le cahier des charges.
Elles doivent être grandes pour se voir de loin, pratiques d’utilisation, esthétiques et d’un prix abordable pour leur fabrication. Elles seront ainsi en fonte et c’est le sculpteur Charles-Auguste Lebourg qui en dessine les motifs. Sur un soubassement en pierre repose un socle à huit pans qui supporte 4 cariatides se tournant le dos : Charité, Sobriété, Bonté et Simplicité. Toutes sont différentes soit par la position de leurs pieds ou de leurs genoux soit par les plis de leurs vêtements. Charité et Bonté ont les yeux ouverts, Simplicité et Sobriété les yeux fermés. L’eau coule par un mince filet au centre de la fontaine. A l’origine deux gobelets en étain pendaient au bout d’une chainette. Ce dispositif sera supprimé en 1952 par mesure d’hygiène.
> Le succès des fontaines Wallace
La première fontaine est installée en août 1872 sur le Boulevard de la Villette. Le succès est immédiat. Pour preuve cet article du journal “l’illustration” de l’époque sous la plume d’Élie Frébault :
“A peine les pièces étaient-elles posées sur le socle, à peine l’eau commençait-elle à jaillir, que la foule s’est ruée sur le monument, et qu’une véritable lutte s’est engagée pour la possession des gobelets.
Chacun voulait être le premier à goûter cette bonne eau de la Dhuys, qui arrive à la fontaine aussi fraîche que si elle sortait de sa source… Aussi il y a des jours où l’on faisait la queue toute la journée autour de la fameuse fontaine.
Il y en a qui arrivaient avec des pots, des litres, des carafes, des saladiers, des terrines pour faire leur provision d’eau glaciale, article si précieux par ces chaleurs exceptionnelles.
Cette maifestation toute pacifique a failli amener une émeute. Les altérés du moment s’opposaient énergiquement à cet approvisionnement qui les empêchait de boire. Les gens à la cruche criaient à la tyrannie. Bref on s’en bousculé, poussé, colleté et quelque peu assommé. Les bouteilles, pots, carafes et récipients quelconques ont été mis en pièces dans la bagarre. Il a fallu que l’autorité vint mettre le hola dans cette multitude affamée d’eau fraîche.”
La fontaine est en fonte, mesure 2m71 et pèse 600 kilos. Elle a coûté 1.000 Francs financés par Sir Wallace. Le bienfaiteur en financera 70.
> Les fontaines Wallace symbole de la capitale
Aujourd’hui Paris compte 120 fontaines Wallace de plusieurs types. Symboles de Paris, elles fournissent toujours de l’eau potable gratuitement du 15 mars au 15 novembre. Certaines ont été équipées de brumisateurs qui se déclenchent en cas de fortes chaleur toutes les 4 minutes.
Comme le montre cette vidéo peu de changements ont été apportés à la fabrication des fontaines depuis 150 ans.
Aujourd’hui ces fontaines restent le seul accès gratuit à l’eau potable pour les SDF.
N’hésitez pas à télécharger les 22 balades dans Paris à la recherche des fontaines sur le site de la Société des Fontaines Wallace dont la mission est de promouvoir, préserver et protéger les emblématiques Fontaines Wallace de Paris.