Le fantôme de l’Opéra, mythe et réalité

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La chute du contre poids à l'Opéra le 20 mai 1896

Vous connaissez certainement l’œuvre de Gaston Leroux écrite en 1910 “Le fantôme de l’Opéra”. Mi roman policier, mi roman fantastique, il a fait frissonner bon nombre de ses lecteurs.
Il est courant que fiction et réalité se mélangent, mais avec le fantôme de l’Opéra nous sommes servis.
La légende du fantôme de l’Opéra prendrait sa source dans des évènements tragiques qui se seraient déroulés en 1883. Cette année là une danseuse meurt brulée lors d’une répétition. Elle laisse un fils inconsolable, Ernest, qui devient un pianiste talentueux. Il fréquente une ballerine qui meurt dans l’incendie du palais Garnier. Ernest se réfugie alors dans les souterrains de l’Opéra pour composer une œuvre à l’intention de sa bien-aimée. On ne le reverra jamais.
Depuis lors des phénomènes étranges se produisent : le son d’un piano résonne la nuit, des partitions sont corrigées d’une main inconnue, des voix résonnent dans la loge numéro 5.

> Légende quand tu nous tiens

Une légende est toujours nourrie de faits réels.
Effectivement, en 1862, la danseuse Emma Livry a bien été gravement brulée lors d’une répétition. Elle agonise pendant de nombreux mois avant de mourir.
Un Opéra a bien été détruit par un incendie dans la nuit du 28 au 29 octobre 1873, mais c’est l’Opéra Peletier situé au 12 de la rue du même nom. Et lors de cet incendie, c’est un pompier et non une ballerine qui figure parmi les victimes.

À la fin du XIXe siècle, la légende du fantôme de l’opéra alimente les fantasmes. 

> Le Lustre de l’Opéra

Dans son roman, Gaston Leroux, évoque la chute du grand lustre entrainant la mort d’un machiniste.
Cet accident a bien eu lieu.

Le Lustre de l’Opéra Garnier : 8 tonnes de lumière

Le Figaro du 21 mai 1896 nous en conte les détails.
Il est près de 21h. Le premier acte de la représentation d'”Hellé” s’achève lorsqu’un grand bruit se fait entendre, suivi d’un nuage de poussière qui remonte du sol en direction des cintres.
Les spectateurs pensent immédiatement à un attentat terroriste mais le sang froid du personnel permet une évacuation du public sans panique.
Lorsque le nuage de poussière retombe, alors qu’on craint un incendie et que déjà les pompiers sont en route, on constate qu’un départ d’incendie dans les cintres vient d’être maitrisé par les pompiers de service.
On relève plusieurs blessés légers mais les cris d’une jeune fille cherchant sa mère attirent les sauveteurs vers une excavation creusée dans le plancher.
Au fond du trou béant, on découvre alors le cadavre affreusement mutilée d’une femme.

La pauvre victime était une concierge venue pour la première fois assister à une représentation à l’Opéra.
Les premières constatations conclurent que le câble qui soutenait un des 8 contre poids de l’énorme lustre de la salle venait de se rompre, probablement rongé par une surcharge électrique d’un câble voisin.
Le contre poids de 700 kg n’avait laissé aucune chance à la pauvre femme qui fut tuée sur le coup.
La mère et la fille, elle, miraculeusement saine et sauve, étaient assises aux places 11 et 13, place n° 13 ce qui alimentera bien entendu la légende du fantôme de l’Opéra.

L’article du Figaro du 21 mai 1896

Et dans l’avant-propos de son roman, Gaston Leroux en rajoute.
Il écrit : “On se rappelle que dernièrement, en creusant le sous-sol de l’Opéra pour y enterrer les voix phonographiées des artistes, le pic des ouvriers a mis à nu un cadavre. Or, j’ai eu tout de suite la preuve que ce cadavre était celui du Fantôme de l’Opéra ! J’ai fait toucher cette preuve, de la main, à l’administrateur lui-même, et maintenant il m’est indifférent que les journaux racontent qu’on a trouvé là une victime de la commune”.


L’histoire fait le tour du monde.
D’autant qu’une série de phénomènes étranges accrédite la présence du fantôme : un machiniste est retrouvé pendu. Suicide ? On ne retrouve pas la corde !  Peu après, une danseuse se tue en tombant depuis une galerie.
Mais, plus étrange encore, une jeune chanteuse, Christine Daaé, soprano, aurait dit avoir rencontré le fameux Fantôme de l’Opéra. Elle deviendra sa favorite, et il lui donnera des cours de chant. Les directeurs de l’époque seront contactés par un individu qui exige qu’on lui remette 20 000 francs par mois et qu’on lui réserve la loge numéro 5 … (une loge toujours visible aujourd’hui à l’Opéra !)

Ah mais je m’égare, ces derniers éléments sont ceux du roman de Gaston Ledoux, pas de la réalité.
Le fantôme de l’Opéra n’a pas fini de nous hanter.



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