La magie des passages parisiens

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Allez, c’est parti pour une balade dans les passages couverts de Paris. Dans l’article précédent, nous avons évoqué leur histoire et combien les Parisiens ont eu, dès leur ouverture, un engouement pour y flâner.
Les “passages seront quelques années plus tard chauffés. On pouvait surtout y déambuler sans craindre de se faire renverser par un fiacre ou éclabousser de boue.
La promenade de 4 kms que nous vous proposons va vous permettre surtout de découvrir d’adorables boutiques dont les propriétaires mettent un point d’honneur à en conserver le charme un brin désuet.
Si vous êtes collectionneur ou simple curieux, vous y trouverez de nombreuses échoppes de livres anciens et de gravures, des magasins de timbres et de pièces anciennes.
Tout au long du parcours, bars et restaurants vous tendent les bras et vous offrent leurs spécialités. Vous en avez pour tous les goûts. Prenez le temps d’y boire un verre ou d’y déguster un chocolat chaud.


Fermez les yeux et imaginez vous en 1825
Peut-être que Lucien de Rubempré, un des personnages des “Illusions Perdues” de Balzac vient de passer dans la galerie. A moins que ce soit Nana, autre personnage de littérature mais de Zola cette fois, qui vient d’acheter des chocolats.

> Le Passage Puteaux (Repère B sur le plan)

Départ de notre escapade : station Havre-Caumartin sur la ligne 9. (Repère A sur le plan)
Remontez de quelques mètres la rue Tronchet puis prenez à droite la rue des Mathurins jusqu’à la rue de l’Arcade que vous prendrez à droite.
Notre premier passage, le Passage Puteaux, du nom de son architecte, est à quelques mètres sur votre gauche.
Il est ouvert en 1839 en prévision de la future gare Saint-Lazare qui devait être construite à hauteur de la rue Tronchet. En définitive, elle sera bâtie plus au Nord.

Le Passage Puteaux est le passage le plus court de Paris. Il est simple avec une verrière à deux pentes. Il abrite notamment un bistrot bar à vins.

> La Galerie de la Madeleine (Repère C sur le plan)

Tournez à gauche sur la rue Pasquier en sortant du Passage Puteaux.
Vous retraversez la rue des Arcades pour tomber sur la Place de la Madeleine. Descendez la Place en laissant la Madeleine sur votre gauche.
Face à l’entrée du monument vous trouvez le début de la Galerie de la Madeleine au 9, Place de la Madeleine avec sa porte imposante dotée de deux belles cariatides.


On doit la galerie à  l’architecte Théodore Charpentier. Elle a été inaugurée en 1846 et abrite aujourd’hui majoritairement des boutiques de luxe.

> Le Passage des Jacobins (Repère D sur le plan)

Un peu de marche à pied vous amènera au prochain passage.
Sortez à l’autre bout du passage et prenez à gauche la rue Boissy-d’Anglas jusqu’à la rue du Faubourg Saint Honoré que vous allez emprunter à gauche pendant un long moment.

Nous restons dans le luxe tout au long de la rue.
Jetez un coup d’œil à gauche sur la colonne Vendôme en passant.
Erigée sur ordre de Napoléon Ier de 1806 à 1810 pour commémorer la bataille d’Austerlitz, puis détruite lors de la Commune de Paris en 1871, avant d’être reconstruite sous sa forme actuelle, elle aurait été coulée avec le bronze de 1200 canons pris aux armées russe et autrichienne, nombre manifestement surestimé.
Les historiens estiment que 400 canons auraient été nécessaires pour couler la colonne Vendôme. Exagéré ? Probablement car, en plus, à Austerlitz, Napoléon n’avait saisi que 130 canons !
Bon, laissons ici Napoléon pour atteindre le Passage des Jacobins, en empruntant la rue du Marché des Jacobins sur votre gauche.
Il ne s’agit pas d’un passage du XIXème car il été construit en 2002 mais il s’en inspire et cette architecture moderne a été bâtie à l’emplacement d’un garage désaffecté est tout en verre.

> Le Passage Choiseul (Repère E sur le plan)

Poursuivez tout droit jusqu’à la rue Daniele Casanova que vous prenez sur votre droite jusqu’à l’Avenue de l’Opéra. Traversez la.
Au fait savez vous pourquoi cette avenue est dépourvue d’arbres bien que très large ? La réponse est dans un de nos anciens articles.
Empruntez la rue des Petits Champs, tournez à gauche rue Mehul puis rue Dalayrac sur la droite.
Vous débouchez sur le Passage Choiseul qui est le plus long des passages couverts parisiens avec ses 190 m pour une largeur de 3,7 m.
Il a un passé littéraire. Louis-Ferdinand Céline y vécut enfant de 1899 à 1907. Sa mère y tenait une boutique de nouveautés au no 67 puis, à partir de 1904, au no 64.

Il immortalisa le passage dans sa décrépitude en 1936, sous le nom de « passage des Bérésinas », dans Mort à crédit

“La triste histoire des Caravals avait quand même ému le Passage, si profondément qu’il a fallu prendre des mesures. Soudain, on a découvert que tout le monde était “pâlot”. On se refilait des conseils entre boutiques et magasins. On ne pensait plus que par microbes et aux désastres de l’infection. Les mômes ils l’ont senti passer la sollicitude des familles. Il a fallu qu’ils se la tapent l’Huile de Foie de Morue, renforcée, à redoublement, par bonbonnes et par citernes. Franchement ça faisait pas grand-chose… Ça leur donnait des renvois. Ils en devenaient encore plus verts, déjà qu’ils tenaient par en l’air, l’huile leur coupait toute la faim.
Il faut avouer que le Passage, c’est pas croyable comme croupissure. C’est fait pour qu’on crève, lentement mais à coup sûr, entre l’usine des petits clebs, la crotte, les glaviots, le gaz qui fuit. C’est plus infect qu’un dedans de prison. Sous le vitrail, en bas, le soleil arrive si moche qu’on l’éclipse avec une bougie. Tout le monde s’est mis à suffoquer. Le passage devenait conscient de son ignoble asphyxie !… On ne parlait plus que de campagne, de monts, de vallées et merveilles…”

Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit, 1936

Le Passage abrite aussi une entrée au théâtre des Bouffes-Parisiens.

Nous vous invitons particulièrement à prendre un chocolat chaud et un gâteau au coco au restaurantbar Joyeux, au bout du passage. Vous y ferez aussi un acte solidaire car cet établissement contribue à l’inclusion professionnelle de personnes en situation de handicap mental et cognitif.
Le café “Joyeux, servi avec le cœur” porte bien son nom.

> La Galerie Colbert (Repère F sur le plan)

Revenez sur vos pas jusqu’à la rue des Petits Champs que vous prendrez sur votre gauche.
Poursuivez là jusqu’à ce que vous traversiez la Rue Vivienne. L’entrée du Passage ou Galerie Colbert est sur votre gauche.
Cette galerie qui avait voulu rivaliser avec la Galerie Vivienne, sa voisine, abrite une magnifique coupole et la Brasserie Le Grand Colbert au style Art Nouveau qui a servi de décor à plusieurs films.
Le 29 juillet 1830Berlioz aurait entonné La Marseillaise dans un arrangement à lui depuis une des fenêtres de la galerie. La foule entassée dans la galerie aurait repris en chœur et le musicien en serait tombé évanoui.
Construite en 1823, elle ne ressemble pas aux passages couverts vus auparavant. Aucune échoppe ou restaurant dans cette galerie, c’est sa particularité. Elle appartient à la Bibliothèque Nationale de France et abrite aujourd’hui l’Institut National d’Histoire de l’Art et l’Institut National du Patrimoine.
Au centre de la rotonde se dresse une statue de bronze qui représente Eurydice, l’épouse d’Orphée, et au-dessus une coupole de verre.

> La Galerie Vivienne (Repère G sur le plan)

Au 4 rue des Petits-Champs se trouve notre préférée : La Galerie Vivienne.
Elle fut construite sur un ancien cimetière.

Un sol de mosaïques que l’on doit au célèbre mosaïste Facchina, une verrière lumineuse, des couleurs sobres, quelques escaliers, une rotonde, c’est la galerie où vécut Vidocq, le bagnard devenu chef de la Police. Au numéro 13, approchez vous des vitres. Vous pourrez apercevoir l’immense escalier qui menait à ses appartements.


Mais la Galerie Vivienne est surtout une véritable invitation à la flânerie et à la découverte de ses nombreuses échoppes.


Elle abrite des commerces historiques tels que la librairie Jousseaume, fondée en 1826, qui eut parmi ses clients des personnalités comme Colette et Aragon. Sa devanture noire frappée de lettres à l’ancienne participe pleinement à son charme d’époque, tout comme les petites étagères remplies de livres et les vitrines lumineuses. 
Si vous êtes passionné de vieux livres, cette boutique est pour vous.

Nous, nous avons une préférence pour cette autre jolie boutique au nom original : “Si tu veux”.
Elle est facile à trouver, au 68. Deux oursons en bois semblent faire les vigiles devant l’entrée.

Cette boutique c’est le paradis du jouet, mais pas n’importe lequel. Tout est beau : jouets en bois, peluches, perles, cordes à sauter ou jeux de société.
C’est surtout une véritable malle aux idées pour les parents adeptes des méthodes alternatives. Pour Madeleine Deny, propriétaire des lieux, c’est à travers le jeu que l’enfant grandit, apprend et acquiert son autonomie.

> La Galerie des Panoramas (Repère H sur le plan)

En sortant de la Galerie Vivienne, prendre la Rue Vivienne sur la droite et remonter la rue presque jusqu’au bout vers sa fin sur le Boulevard Montmartre. La plus ancienne Galerie de Paris se trouve sur votre droite.
Ce passage impressionne par sa multitude de vieilles enseignes et luminaires d’époque. 
Dans la première moitié du XIXe siècle, les devantures des boutiques du Passage des Panoramas rivalisaient de séduction – boiseries décorées, miroirs – pour attirer l’acheteur. Là se succédaient confiseurs, bottiers, gantiers, orfèvres, éditeurs de musique, chapeliers, marchands de jouets, libraires, magasins de modes, épiceries fines. 
Aujourd’hui, il est très connu des collectionneurs pour ses boutiques de timbres, de cartes postales anciennes et de pièces de monnaies.


En 1816, le premier essai d’éclairage au gaz, inventé par l’ingénieur Philippe Lebon, est effectué dans ce passage.

> Le Passage Jouffroy (Repère I sur le plan)

Pour y accéder, rien de plus simple, il vous suffit de traverser le Boulevard Montmartre. C’est en face.

Connu parce qu’il héberge le Musée Grévin, ce passage est très fréquenté. Il est très lumineux, avec son architecture de fer, une très haute verrière, un joli dallage et son horloge.

C’est le premier passage parisien entièrement construit en métal et en verre. Seuls les éléments décoratifs sont en bois. Il s’agit également du premier passage chauffé par le sol.
Lui aussi regorge de boutiques anciennes de livres, de cannes, de jouets anciens, et galeries d’art.

> Le Passage Verdeau (Repère J sur le plan)

Dans le prolongement se trouve le Passage Verdeau.

Ce passage date de 1847. Il a lui aussi beaucoup de charme avec ses librairies, ses antiquaires et ses marchands d’art insolites.
Admirez sa magnifique verrière en arrêtes de poisson.

> Le Passage des Princes

Considéré comme le temple du jeu, ce passage couvert abrite de nombreux magasins dédiés aux jouets, au modélisme, et aux jeux vidéo.

Nous aurions voulu vous faire visiter aussi ce dernier passage mais il est en travaux. C’est dommage car il abrite une magnifique coupole de verre coloré style art déco qui date des années 1930.

Ce n’est pas si grave, cela nous donnera l’occasion de revenir.

Nous espérons que vous aurez, vous aussi, l’envie de vous promener à nouveau dans les Passages. Nous, on ne s’en lasse pas.
Balzac ne disait-il pas :

“Flâner est une science : c’est la gastronomie de l’œil.



Bon retour. La station de métro “Grands Boulevard” est à deux pas.


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