Le temps est couvert mais les Galeries aussi.

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Le passage des Panoramas, le plus ancien. Il date de 1779

Ce n’est pas parce que le temps est à la pluie qu’il ne faut pas faire de balades dans Paris.
Je vous en propose une qui va vous permettre d’éviter de trop vous faire mouiller.
Cette balade, on ne s’en lasse pas, c’est celle qui permet des faire le tour des principaux passages couverts de Paris. Même si cette promenade ne fait que 4 kms, je vous conseille de prévoir la journée pour avoir le temps de flâner et de vous choisir dans un passage un petit bar pour y savourer un croissant. Imaginez vous au 19ème siècle. Prenez le temps d’entrer dans ces jolies boutiques de la Galerie Vivienne comme “Si tu veux (jouer)“, magasin pittoresque où le jouet est au centre de l’éveil de l’enfant. Faîtes donc une pause à midi dans un de ces petits restaurants qui ne demandent qu’à être découverts.
Dégustez une Saucisse de sanglier à l’ail des ours et purée de patate douce à la brasserie Véro-Dodat dans la galerie du même nom.
Et pourquoi ne pas finir votre journée avec un thé et une pâtisserie au Petit Valentin, caché au cœur de la galerie Vivienne. Goutez l’Azélia, une création à base de biscuit noisette, mousse au chocolat au lait avec un cœur de compotée mangue et fruit de la passion.

Je trouve que je vous l’ai déjà bien vendue, cette balade. Mais avant de décrire son parcours et de détailler pour chaque galerie les perles qu’elle recèle, un petit rappel historique s’impose.

Histoire des passages couverts

C’est au Duc d’Orléans que nous pouvons attribuer la paternité des galeries couvertes. En 1786, il fait construire des galeries de bois au Palais Royal. Le passage Feydau sera construit en 1790, celui des Panoramas en 1800. La révolution a privé le Clergé et la Noblesse de nombreux terrains, ce qui va déclencher une vaste spéculation immobilière. Dans un Paris dont les rues sont encore celles du Moyen Age, la capitalisme naissant construit les passages couverts sur ces terrains confisqués.

La Galerie de bois est construite en 1786, pour séparer la cour du Palais-Royal et le jardin. Elle constitue le quatrième côté du quadrilatère que devait former le lotissement, mais que le manque de crédit conduit à reporter. Provisoire, la Galerie de bois s’apparente à un vaste hangar de planches, de 2250 m2. Elle est composée de deux galeries bordées de quatre rangées de boutiques, qui en font l’ancêtre des passages couverts. Elle n’est pas éclairée par une verrière mais par des fenêtres ouvertes sous le débord de la toiture, ce qui permet un éclairage semi-zénithal. Ce lieu longtemps critiqué pour ses multiples commerces est surnommé le “Camp des Tartares”. Il ne sera détruit que 40 ans plus tard
.Source : © Bibliothèque nationale de France – Estampe 1827


La première génération de passages couverts est dérivée des premières galeries en bois du Palais Royal. On les appelle les “passages brillants“. Non pas qu’ils soient très lumineux, mais le nom provient surtout des produits nouveaux qui apparaissent dans les vitrines et de l’animation qui y règne. Il faut dire que les Parisiens, habitués aux rues boueuses et peu sûres du la capitale apprécient les sols carrelés et secs.
Le journal Le Pandore du 8 décembre 1825 écrit :

” Pour peu que cela dure, on pourra traverser Paris d’un bout à l’autre sans avoir à craindre les variations de l’atmosphère et les cabriolets des agents de change. Les passages couverts sont, pour ainsi dire, une nécessité dans un gouvernement représentatif où les citoyens éprouvent, à chaque instant, le besoin de se voir, de s’entendre, et de discuter à l’abri des orages.”


La seconde génération des passages couverts dite “des passages lumineux” est celle qui, à partir de 1834, va répondre à un cahier des charges bien précis :

  • ” être réservé aux piétons
  • relier deux rues animées en offrant un raccourci à qui l’emprunte,
  • être bordé de boutiques,
  • avoir une couverture protégeant des intempéries mais laissant passer la lumière,
  • être éclairé par un moyen artificiel ;
  • enfin le luxe doit faire partie de son architecture et figurer dans ses boutiques comme dans les
    articles qui y sont vendus “

Les passages sont lumineux et chauffés au gaz, ce qui en fait un lieu de promenade prisé de la nouvelle bourgeoisie. On s’y fait voir.
La troisième génération des galeries couvertes, “les galeries métalliques“, bénéficie des dernières inventions. Leur ossature est désormais métallique.
Mais apparaissent à cette époque les grands magasins qui vont entrainer le déclin des galeries couvertes.
Le Bon marché ouvre 1852, les Grands magasins du Louvre en 1855 puis À la belle jardinière en 1867.
Nous avons fait un article sur la Samaritaine créé en 1870 pour le couple Cognacq-Jaÿ. En 1894 c’est au tour des Galeries Lafayette.


C’est un peu comme l’épicier contre les grandes surfaces. Le combat est inégal et sur les 150 passages couverts que comptait Paris en 1850, il n’en reste que 20 aujourd’hui.

  • Le plus ancien : le passage des Panoramas construit en 1799.
  • Le plus récent : le passage du Prado, formé en 1785 et découvert à l’époque, il fut couvert en 1925.
  • Le plus long : le passage du Caire avec ses 370 mètres
  • Le plus court : le passage Alfred Stevens avec 24,5 mètres.
  • Le plus haut : le passage du Grand Cerf, avec ses 11,80 m (3 étages), il a la plus haute verrière de Paris.
les passages couverts de Paris (source sortir-paris.fr)

Les écrivains immortalisent les passages couverts

Les passages couverts ont inspiré des écrivains illustres. Dans les « illusions perdues » de Balzac, dont l’action se déroule vers 1825, Lucien de Rubempré fréquente les galeries du Palais-Royal.
Dans le passage des Panoramas, Emile Zola fait évoluer ses personnages des Rougon-Macquart. Nana et son amant le comte Muffat y achètent des chocolats.

Voilà. Il ne vous restera plus qu’à flâner dans ces passages couverts dont nous livrerons les anecdotes ….. dans notre prochain article.

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