Nous sommes dans la fin de l’après-midi ce mercredi 27 septembre 1911.
Un jeune prêtre Antoine Richard, professeur à l’institution Lamartine à Belley dans l’Ain fait visiter Paris à un de ses élèves, Maurice Dialberty.
Ils quittent le Jardin des Plantes pour poursuivre leur promenade vers Notre-Dame. Ils décident alors d’emprunter l’autobus 205 de la ligne G qui va en direction des Batignolles.
Ils admirent les berges de la Seine lorsque l’autobus s’engage sur le pont de l’Archevêché, le pont le plus étroit de la capitale. Soudain, un autre autobus arrive en sens inverse. Le chauffeur donne alors un violent coup de volant pour éviter la collision. L’autobus monte sur le trottoir mais défonce le parapet. Un des passagers de première classe, Albert Cormenier, voyant l’accident arriver saute par la fenêtre et tombe sur le trottoir alors que l’autobus bascule dans la Seine en faisant un tonneau avant de disparaître dans l’eau.
Une des premières têtes que les passants affolés par les cris des voyageurs de l’autobus lors de l’accident virent sortir du fleuve fut celle de l’abbé Antoine Richard. Il avait réussi à nager et à monter sur le toit de l’autobus avec une autre personne. Ils entendaient en dessous d’eux les passagers qui essayaient de lutter contre l’asphyxie. Le prêtre réussit à extirper plusieurs enfants par la fenêtre puis il rejoignit la rive, ôta sa soutane et replongea à 5 reprises pour sauver plusieurs personnes.
Un autre homme va sauter immédiatement dans la Seine, Eugène Méneveux. Il plongera et replongera pendant deux heures jusqu’à l’épuisement et des infirmières devront le prendre en charge, transi de froid et blessé aux mains et à la jambe par des coupures de vitre.
Les pompiers arrivés sur place essayeront de fixer des cordes à l’autobus mais il refusera de bouger. Combien de personnes sauveront ces hommes ? On ne le sait pas et les ambulances emmèneront les blessés et les morts à l’Hôtel Dieu (voir notre article) tout proche.
Les recherches se poursuivront pendant la nuit avec notamment l’aide d’un scaphandrier.
L’accident se soldera par 11 morts et 9 blessés. L’élève du prêtre fera partie des victimes.
Le lendemain la carcasse de l’autobus sera sortie du fleuve et on repêchera le corps du wattman, le chauffeur Raynal qui était coincé sous l’autobus, les mains figées comme s’il tenait encore son volant.
L’homme venait de perdre sa femme quelques jours plus tôt.