S’il y a bien une personnalité qui a fait couler beaucoup d’encre, c’est bien la Comtesse du Barry qui fut, comme chacun le sait, la favorite du Roi Louis XV.
> De roturière à comtesse
De son vrai nom, Jeanne Bécu, elle nait en 1743 et est une fille naturelle d’un commis percevant l’impôt aux barrières d’octroi et d’une couturière. Elle suit une éducation stricte dans un couvent, est placée chez un modiste et devient la maîtresse du comte de Barry-Cérès.
Souhaitant la faire entrer à la Cour du Roi mais marié, il ne peut l’épouser, ce qui lui donnerait alors son titre de noblesse. Qu’à cela ne tienne, la roturière va épouser le frère, le comte Guillaume du Barry. Elle devient alors Madame la comtesse du Barry ou Jeanne du Barry.
D’une grande beauté, elle attire tous les regards et très vite le roi Louis XV tombe sous son charme. Jeanne Bécu est dans le lit du Roi. Le mari rentre à Toulouse avec une pension de 5000 livres, se voit attribué le duché de Roquelaure près d’Auch, et le château du Rieutort offert par le Roi.
> Maîtresse royale
Dès le premier jour, le Roi couvre sa nouvelle maîtresse de bijoux (un collier de diamants, boucles d’oreilles). Il lui offre le pavillon de Louveciennes mais celui-ci n’ayant pas vue sur la Seine, le Roi demande à l’architecte Claude-Nicolas Ledoux de lui adjoindre un pavillon de musique.
Très rapidement, grâce à son statut de maîtresse royale et aux largesses du Roi, la comtesse Du Barry amasse une fortune considérable. Elle mène grand train et dépense sans compter. Elle reçoit beaucoup à Louveciennes et imagine les plans d’importantes extensions de son pavillon de musique. Mais la mort de Louis XV de la variole mettra un terme à son projet.
En 1772, Louis XV avait demandé aux joailliers parisiens Bœhmer et Bassange de créer pour sa maîtresse un collier de diamants si complexe et impressionnant que la collecte par les joailliers prit du temps. Le Roi mourut avant de voir la commande réalisée.
Les bijoutiers espérèrent le vendre à la nouvelle reine Marie Antoinette. Mais cette dernière détestait tellement la Comtesse Du Barry qu’elle refusa malgré l’insistance du roi Louis XVI qui souhaitait lui offrir le collier.
Un temps éloignée de la Cour par décision du Roi qui l’envoya dans l’abbaye de Pont-aux-Dames, elle reprend sa vie mondaine et ses larges dépenses à Louveciennes comme si elle avait encore le trésor royal à sa disposition.
Très vite, elle aura tellement de dettes qu’elle devra solliciter Louis XVI pour qu’il double le montant de sa rente accordée par Louis XV.
> Le vol des bijoux
Elle se résout à vendre des bijoux et les rassemble pour les présenter à des banquiers et d’éventuels acquéreurs.
Stockés simplement dans une superbe commode en porcelaine de Sèvres, les bijoux sont volés dans la nuit du 10 au 11 janvier 1791.
Les recherches de la police restent infructueuses et la Comtesse décide alors d’inonder Paris d’affiches offrant une récompense de 2.000 louis. Ces affiches sont réalisées par l’imprimerie de la Veuve Delaguette, rue de la Vieille Draperie.
Le 15 février 1791, la comtesse Du Barry reçoit de Londres un courrier qui lui annonce que les trois voleurs ont été arrêté alors qu’ils tentaient de vendre des diamants à un joaillier anglais. Les bijoux seront consignés dans une banque londonienne.
Madame Du Barry fera alors de nombreux voyages en Angleterre pour être confrontée aux voleurs, reconnaître les bijoux et assister au procès.
Il n’y a pas d’accord d’extradition à l’époque. Le procès pour recel doit donc se dérouler en Angleterre. Et ce n’est qu’à l’issue de leur peine que les voleurs peuvent être jugés en France pour vol, ce qui permettrait à la Comtesse de récupérer ses bijoux.
> L’affiche de trop
Bien que favorable aux réformes engagées à la Révolution, insouciante, elle garde des liens avec les “émigrés“, ces nobles et ecclésiastiques réfugiés à l’étranger pour combattre les révolutionnaires.
La liste des bijoux volés étalée sur les affiches dans Paris va attirer l’attention et le courroux des révolutionnaires.
La favorite n’a-t-elle pas pillé les trésors de l’Etat ?
Et ces voyages répétés en Angleterre ne trahissent-ils pas des relations soutenues avec les “émigrés”?
Les scellés sont placés sur les biens de la Comtesse Du Barry par ordre du Directoire de Versailles.
Elle est emprisonnée plus de 2 mois et son procès s’ouvre le 6 décembre 1793 devant le Tribunal révolutionnaire présidé par Fouquier-Tinville.
Elle est condamnée à mort le lendemain et guillotinée le 8 décembre.
La comtesse du Barry fait l’énumération de tous ses biens, espérant ainsi sauver sa vie. Le bourreau Charles-Henri Sanson (voir notre article) raconte qu’elle est traînée avec beaucoup de tumulte et de difficultés jusqu’à l’échafaud.
Ses derniers mots auraient été : « Encore un moment, Monsieur le bourreau ! ».
Son corps rejoindra la fosse commune du cimetière de la Madeleine (voir notre article).